Lettre pour quand je serai Grand
« Je t’écris à toi qui seras moi plus tard, quand je serais grand, quand je serais à mon tour un adulte.
Je t’écris et te dis à voix haute que tu ne dois pas m’oublier. Je sais que tu as toujours quelque chose d’autre à penser ou que tu as mieux à faire que de t’occuper de moi. Mais comprends que j’ai besoin de te parler. De dire tout ce qui m’arrive en ce moment. Tu sais que là où je suis, je ne peux pas en parler. Ici, dans ce que tu appelles aujourd’hui « ton enfance » personne ne m’écoute. Personne ne s’intéresse à ce que j’ai à dire. Ou sinon, on me dit de me taire, de ne rien dire. Tu le sais bien, car tu étais « moi » il n’y a pas si longtemps…
Il n’y a qu’à toi que je peux en parler, parce que qui mieux que toi peut me connaître ? Alors, je t’en supplie prends le temps d’écouter ce que j’ai à dire. Ma colère. Ma tristesse. Mon incompréhension. Ecoute mes souffrances.
Toi qui es mon futur, ne cherche pas à m’oublier dans ton passé, car tant que je ne t’aurais pas dit tout ce que j’ai à dire, je serais toujours avec toi dans ton présent. Je ne te laisserais jamais tranquille, car il faut que je te dise tout. Même si tu as peur de moi. Même si tu préfères me laisser dans ton passé. Mes souffrances sont encore les tiennes aujourd’hui. Alors, laisse-moi te les exprimer à voix haute, et nous en serons tous les deux débarrassés.
Comprends que je ne suis pas dans ton passé, mais dans ton présent. Alors écoute-moi, ressens ma souffrance et je te laisserais tranquille. Je disparaîtrais enfin de ta vie. Et au lieu de me fuir ou de m’étouffer dans ton passé, tu pourras construire ta nouvelle vie dans le présent. »
Méditation
je ferme les yeux et je me relaxe. Je n’attends rien. Je ne veux rien. Je suis simplement présent. Je respire tranquillement et je vais simplement attendre que mon enfant intérieur surgisse en moi. A n’importe quel âge, à n’importe quel moment. Je ne le cherche pas dans ma mémoire. Je le laisse surgir comme une image vivante qui va s’exprimer face à moi. Je n’interviens pas. Je laisse mon enfant intérieur parler. Je le laisse dire ce qu’il veut, pleurer, se mettre en colère, rire, je le laisse s’exprimer. Puis, lorsqu’il a tout dit, tout exprimé, je peux lui parler. Le rassurer, lui parler de son futur. Lui dire que je serais toujours là avec lui. Lui dire qu’à partir de maintenant, il pourra s’exprimer et dire ce qu’il a à dire. Qu’il suffira que je ferme les yeux pour qu’il puisse venir me parler, et que je ne le repousserai plus.